Parler et se parler quand on est sourd ou malentendant

La communication revêt une importance particulière et un enjeu très important pour les personnes sourdes. Considérons ici que la communication va se développer sous plusieurs  modalités, en fonction du type et du degré de surdité:

On constate quasi systématiquement un décalage entre la réception du message oral et la production : alors que la réception et la compréhension de l’oral peuvent être satisfaisantes, la production orale arrive souvent bien après, en étant de plus impactée négativement. A l’inverse, il est possible de rencontrer des personnes qui, ayant été appareillées ou implantées très tôt (quelques mois après la naissance), vont parvenir à une production orale sans aucun préjudice. Il sera plus difficile à l’interlocuteur de « soupçonner » une surdité.

Une personne sourde, à la condition que des outils de compensation soient mis en place rapidement et qu’il y ait un suivi permettant un bénéfice optimal de ceux-ci, va donc pouvoir communiquer oralement avec un interlocuteur. Cependant, il faut des conditions particulières pour favoriser et optimiser la réception et la compréhension de la personne sourde en situation de communication :

Pour finir sur la communication avec une personne sourde, il est très rassurant pour elle de ne pas se sentir dévalorisée (ne pas montrer d’agacement ou de comportement moqueur lorsque l’on ne comprend pas bien les mots qu’elle emploie). Rappeler fréquemment que faire répéter un mot n’est pas gênant. Ne pas croire que si la personne est appareillée ou implantée, elle entend tout et comprend tout : être plus vigilant, s’assurer de la bonne compréhension au fil de la discussion.

Par notre attitude, on peut donner envie à la personne sourde d’entrer en communication : aller vers elle, ne pas commencer en la questionnant sur sa surdité. La prévention joue un grand rôle : la personne sourde prendra très rarement les devants et n’osera pas parler de ce qu’elle ressent. C’est pourquoi, en accord avec elle, il est bénéfique de venir discuter avec la classe de ce handicap. On constate un soulagement important chez la personne sourde et une bienveillance naturelle de la part de ses camarades va ainsi l’encourager à rentrer encore davantage en communication, et à être beaucoup moins sur la défensive.

 

Thomas GÉRARD,
enseignant du CROP
Centre Ressource de l’Ouïe et de la Parole